Les locutions et proverbes connus sont d’excellents outils pour pimenter vos textes. À condition d’utiliser les termes exacts et de ne pas vous tromper de sens…

J’ai croisé mon plus bel exemple d’expression dévoyée il y a un peu moins de deux ans. Un de mes amis m’avait conseillé un entrepreneur pour quelques travaux à effectuer chez moi, et je m’étais rendu sur le site de cette petite société pour prendre quelques renseignement supplémentaires. J’ai appris que l’entrepreneur se targuait d’établir, à chaque demande de travaux, un contrat « en bon éduforme« .

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Une erreur apparemment courante, puisque Google recense 17.800 occurrences de « bon éduforme » et 35.400 de « bonne éduforme ». Evidemment, lorsqu’il s’agit d’un texte professionnel, votre crédibilité en prend un coup. Avec un effet potentiel sur votre carrière? Certains n’hésitent pas à crier haut et fort qu’ils n’engageront pas de gens qui font des fautes d’orthographe. D’autres se montrent plus scientifiques et analysent les corrélations entre l’orthographe d’un profil LinkedIn et l’évolution de la carrière professionnelle. Leur conclusion est en tout cas identique: une mauvaise orthographe influence négativement votre image et votre carrière. Autant le savoir.

Langue mal maîtrisée

Mais l’orthographe correcte n’est pas tout. Si l’expression elle-même est mal comprise, le résultat peut être tout aussi néfaste pour votre crédibilité. Que penser, en effet, de quelqu’un qui se dit « de confection musulmane »?

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Qu’il met un point d’honneur à ne pas acheter de vêtements fabriqués par des chrétiens ou des bouddhistes? Ou qu’il n’a manifestement qu’une connaissance très imparfaite de la langue ou de l’expression en question? Et que penser de la (ou du) journaliste internet qui, en 2011, a accusé Gwyneth Paltrow d’avoir éxécuté une « danse subjective » dans un épisode de Glee? Et du webmaster qui, deux ans plus tard, n’a toujours pas corrigé l’erreur?

Et la crédibilité d’autrui?

Si l’erreur de la (du)  journaliste n’a engagé que cette dernière (ce dernier), passe encore. Mais qu’en est-il lorsqu’une telle bourde vient se glisser dans le texte d’une interview? Prenez cette interview de Frédéric Beigbeder publiée dans Ouest France. Le célèbre ex-publicitaire et écrivain français aurait déclaré au journaliste:

 » Internet, c’est l’empire de la méchanceté, de la bêtise ; n’importe quel abruti a droit au chapitre.« 

Le lecteur cultivé aura bien entendu reconnu la bonne expression: avoir « voix » au chapitre. En effet, désignait, au Moyen Âge, l’assemblée des chanoines et du clergé d’une communauté. Tout le monde ne pouvait s’y exprimer, ni y voter, d’où l’expression. Mais à qui attribuer la paternité de l’erreur: à l’écrivain ou au journaliste?

En principe, lorsqu’un journaliste cite une erreur, il est censé la faire suivre de l’expression latine « sic », qui signifie « ainsi ». Ce « code journalistique » indique alors que le journaliste sait qu’il s’agit d’une erreur , qu’il l’a sciemment reproduite, et qu’il en attribue la paternité à la personne qu’il cite. L’absence du « sic » indique donc :

  • soit que Beigbeder avait correctement utilisé « voix au chapitre », mais que le journaliste ne connaissait pas l’expression et s’est trompé en transcrivant l’interview;
  • soit que Beigbeder a effectivement fait l’erreur, mais que le journaliste, lui-même ignorant de l’expression correcte, l’a retranscrite sans la signaler.

À moins de contacter Frédéric Beigbeder, nous ne le saurons jamais. En attendant, la crédibilité de l’auteur est entachée par cette citation. Raison de plus, donc, pour se montrer prudent.

Que faire?

Vous l’aurez compris, mieux vaut vous assurer de l’exactitude de l’expression avant de la coucher sur le papier (ou l’écran). Mais comment faire? Une recherche sur Google ne vous aidera sans doute pas, comme le montre l’exemple du début de cet article. Si trop d’internautes font l’erreur, celle-ci se retrouvera en effet mathématiquement propulsée au sommet des résultats de recherche. Les sites internet gratuits dédiés aux expressions françaises ne vous seront hélas pas d’un grand secours, car ils sont souvent lacunaires. Par exemple, ce site internet québécois dédié aux expressions françaises, doté d’un moteur de recherche ergonomique, ne reprend pas l’expression: « voix au chapitre ». Il vous reste trois solutions:

  • un bon dictionnaire
  • le Robert des expressions et locutions
  • le logiciel Québecois « Antidote« : le prix élevé de cette application est plus que largement compensé par la vaste palette de services qu’elle offre.