Huit raisons de détester la « nouvelle » orthographe

S’il y a un truc qui a le don de mettre hors de ses gonds un amoureux de la langue française, c’est bien la « nouvelle orthographe ». Enfin, je veux dire la « graphie rectifiée ». Voici pourquoi…

1°) Près d’un quart de siècle, et toujours pas acceptée

Les recommandations de rectification du Conseil Supérieur de la Langue Française, appuyées par les vieux croulants de l’Académie sans fraises – ils les ont sucrées – datent de 1990. 23 ans. Je connais des dictateurs qui ont été déchus en moins de temps que ça parce que le peuple en a eu marre.

Mais nos bon vieux amis Français, qui prétendent toujours imposer au monde leur vision d’une langue que nous sommes plus à adopter comme langue maternelle en-dehors de l’Hexagone qu’en-dedans, ne feront hélas jamais marche arrière.

2°) Des règles débiles

Dans l’objectif de simplifier la langue (si si), le Conseil a accouché de recommandations absurdes comme celles qui touchent le verbe croître. Qui désormais s’écrira sans accent, mais seulement lorsqu’il ne peut pas être confondu avec croire. Donc, « il croît » pour le différencier de « il croit ». Mais par contre, on peut écrire « croitre » puisqu’il est différent de « croître ». Vous appelez ça « simplifier les choses », vous?

Ou alors, on change l’accent selon le genre d’un adjectif: un homme d’âge « mûr », mais une fraise « mure ». Un logiciel « sûr » mais une solution « sure ». On croit rêver.

3°) Un véritable « nettoyage ethnique » qui vise l’accent circonflexe

Puisqu’on en est à parler de ce pauvre accent circonflexe, sachez que son rôle – pardon, son « role » – sera désormais quasiment réduit à empêcher –  pardon, « empecher », ah non, « empêcher » quand même  – les confusions. Donc, partout où il est jugé inutile ou décoratif, il sera supprimé. Quelques exemples moches?

Sûreté devient sureté

Brûler devient bruler. Mais empêcher reste empêcher. Allez comprendre.

Maraîcher devient maraicher. C’est dire la fraicheur (sans accent) des salades.

Mais le pire du pire, c’est huître qui devient huitre. C’est un coup à devenir allergique aux fruits de mer.

4°) Les mariages forcés

Vous aimez les mots composés? Oubliez le trait d’union. Désormais, une contre-attaque deviendra une contrattaque. Et ma bien-aimée deviendra ma bienaimée. Comment l’aimer encore dans ces conditions?

5°) De véritables Frankenstein linguistiques

Parfois, les nouvelles règles sur les noms composés créent de véritables monstres qu’il est impossible d’aimer. Un exemple?

Vous avez un porte-clés dans votre poche? Que nenni, désormais ce sera un porteclé.

 

6°) Des nombres défigurés

Cent-cinquante-mille euros? Hé oui!

7°) Les verbes en -eler et -eter

Hé oui, la langue, on la nivèle par le bas.

8°) Les inommables

Ceux-là, ce sont les pires des pires. Je clôturerai ce post rageur sur cette liste infâme (avec un accent circonflexe parce que j’emmerde l’académie française).

Courbatture, ognon, cacahouète, assoir, exéma, nénufar, satellite-relai (si si), corole, boursoufflé, combattif, à capella, babyboum (beuh), bizness, caléidoscope, rapsodie, et l’immonde cornedbif (déjà que c’est pas bon à manger…)

 

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