1-. La génèse

 Il a été décidé par la ville de Mons de réaliser une nouvelle gare d’un coût de 155 millions d’€.

gare-mons2015

Cela implique la destruction de la gare actuelle qui a débuté au printemps 2013. La ville de Mons (wikipédia), qui va être capitale de la culture en 2015, est un ville historique qui avait des fortifications. Et au cours des travaux, des vestiges d’une ancienne tour dite Tour de Saint Georges ont été découvert.

tour-saint-georges

Dans le monde tel qu’il l’était, il y a 15 ans, il est probable que ces vestiges auraient subis le sort mentionné dans l’article relatant la découverte :

Il est très probable que la tour soit détruite avec l’avancement des travaux. Les fondations de la tour se situent à l’endroit où devrait prendre place le parking souterrain de la future gare. L’équipe d’archéologues a peu d’espoir concernant l’intégration de cette découverte dans le projet, « commencer à remanier tous les plans d’architectes, dans les délais très courts des travaux de la gare, à mon avis, ce ne sera pas faisable » précise Véronique Moulaert. Les archéologues vont signaler le monument aux entrepreneurs mais rien ne les oblige à intégrer le monument dans les plans de la future gare de Mons.

2-. La mobilisation via Facebook

Mais, nous sommes en 2013 et les réseaux sociaux en l’occurrence Facebook sont passés par là.

Un groupe de personnes prennent l’initiative et créent une page Facebook dès le 25 juillet

page-facebook-mons

Comme vous pouvez le voir, ce sont près de 8.000 likes qui ont été recrutés par cette page en 6 jours :

Grâce, au moins en partie, à cette mobilisation très forte, les vestiges seront sauvés. C’est un compromis à la belge qui a été trouvé :

Du coup, les vestiges seront valorisés au travers d’un projet didactique. Une partie des fondations authentiques sera notamment exposé dans le futur parking. « Il y aura aussi une trace au sol, des panneaux, une maquette, une 3D ou encore des objets qui auraient été découverts dans l’environnement immédiat de la tour », explique Jean Plumier, directeur à l’Administration wallonne du Patrimoine.

source

3-. Les raisons du succès

Comment a-t-il été possible de réunir 8.000 personnes sur la page en si peu de temps, voici quelques ingrédients du succès :

a. Une cause noble et affective

Mons est une ville historique et les habitants sont attachés à leur ville. Saint-Georges (rappelez-vous il s’agit de la TOUR Saint Georges) est un personnage tout à fait particulier pour les montois et ceux qui ont déjà eu le bonheur de participer à la Ducasse de Mons aussi appelée Doudou. C’est en effet lui qui terrasse le Dragon lors du Combat du Lumeçon, donc voici une vidéo :

La conservation des vestiges joue donc sur la corde affective puisqu’il s’agit de conserver un souvenir de l’histoire de la ville et de son Saint Georges. Quand il s’agit d’affectif, les gens réfléchissent moins et cliquent plus vite.

b. Le Community Management de la page

La page a été, dès le départ, très bien gérée.

Voyons les posts intéressants:

  • Le premier comporte un Call to action clair : réunir un max de membres sur un week end
  • Et l’objectif général y est défini : Sensibiliser les édiles politiques

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Un chanson en patois plus tard que je vous épargne, commencent alors une série de posts enthousiastes. Ces posts mentionnant le nombre de fans et fixent des objectifs chiffrés demandant de continuer à soutenir l’effort. Voici le premier d’entres eux :

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En agissant comme cela, le gestionnaire a directement développé l’implication du plus grand nombre vis à vis de la cause et a suscité les partages et invitations d’amis. De plus, le compteur augmentant rapidement, tous ceux qui avaient invités des mais ont vu les résultats, ce qui les a incités à poursuivre d’autant plus qu’ils ont été abondemment remerciés.

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Troisième phase dans les posts sur la page, la légitimité. Des contacts ont été pris et des recherches ont été faites pour montrer qu’au delà de la symbolique, il était possible de sauver les vestiges. Des exemples ont donc été cités, tout comme des déclarations ou le soutien d’experts (archéologues). Voici quelques posts qui vont dans ce sens:

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Le tout étant entrecoupé de posts donc l’objectif était d’inciter à continuer au recrutement de fans et de posts à caractère plus affectif.

c. Le relai dans les médias

Quand une action fait parler d’elle sur Internet, très rapidement elle percole dans les médias traditionnels. Ce fut bien évidemment le cas avec la création de la page qui a, pour commencer, fait l’objet d’un article dans la presse :

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Cela a été suivi par un passage TV à RTL TVI

4-. Conclusion

Même si dans le cas présent, les vestiges ne seront pas réellement sauvés. L’on constate que la force du web et des réseaux sociaux peut modifier le cours de certaines choses. Quand des citoyens s’unissent pour une cause, le pouvoir en place se doit, sous la force du nombre, d’en tenir compte. La mobilisation passe aujourd’hui par un simple clic à la portée de tous.

Plus que jamais, il ne faut pas partir « battus » dans ce genre de combat car si  la cause est juste et que ses premiers défenseurs ont l’énergie et l’intelligence pour la faire partager par un nombre suffisant de personnes, l’impact est tel que le cours des choses peut être modifié.

Pour conclure ce proverbe de circonstance :

If you want to go quickly, go alone; if you want to go far, go together.